Geoffroy Gross

franckDavid, « Quelque chose de la vie… »


Quelque chose de la vie, peu importe sa taille, sa texture, sa couleur.. ça débordera de toute façon.

Une exposition monographique en trois langues de nina Childress, geoffroy Gross et thomas Jocher
avec pour traducteur franckDavid à LAGE EGAL [HB55 Kunstfabrik], Herzbergstrasse 55 – Aufgang A, 1. OG, 10365 Berlin-Lichtenberg du 14 au 30 septembre 2018. vernissage le jeudi 13 septembre de 17 à 21h.

http://ninachildress.com

www.geoffroygross.fr

http://thomasjocher.com

http://franckdavid.net

Reprise.
Une exposition monographique qui n’est pas celle d’une personne, qui n’est pas non plus celle d’un collectif ou d’un groupe, alors de quoi parle-t’on  ?
C’est bien là le sujet, un peu de quoi mais surtout de comment le parle-t’on..

La reprise au sens musical, ou cover en anglais, couverture  : produire une interprétation d’un existant que ce soit une musique, une pièce de théâtre, de danse, une peinture..
Ici le réel, un environnement pour les souvenirs où le corps de chacun peut se loger.

L’image d’images, l’ambiance d’ambiances
/ Atmosphère  ! Atmosphère  ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère  ?! /
un malentendu peut-être, ou un sous-titrage ?
l’image de l’échelle 1
si le réel se vit à échelle 1, à n’en pas douter l’image du réel produite par ces trois là, l’est aussi.
Les preuves du réel sont à chercher dans notre mémoire qui oscille entre le regard posé sur l’image produite et non reproduite – même si pour tous les trois c’est un des moyens utilisés – et l’idée qu’on en garde.
Le regard comme mode d’habitation du réel est bel et bien la clé d’une production où viendraient s’écraser nos corps de spectateurs et ceux de ces trois artistes.
Les présentations sont faites la conversation peut démarrer.

La seule extériorité du tableau au moment de son regard est l’espace qui l’accueille, or donc la seule extériorité à l’image du tableau n’est pas le réel lui-même mais bien la mémoire de l’expérience qu’on en a fait.
une approche documentaire quant aux matériaux employés pour produire les œuvres, mais contredite par l’usage indiciel des signes représentés.
Que reste-t’il des documents sources ? qu’ils soient photographiques chez Childress et Jocher ou préparatoires voire qu’ils en soient le motif lui-même chez Gross, dans le cas des portraits de papier ou des nouvelles grises. Une perte certaine d’un ensemble de signes dans les images, qui nous conduit à la phase essorage d’un programme de domesticité.
Par l’opération de condensation qu’ils font sur la représentation d’éléments choisis, ces trois-là engagent simplement une restauration du réel, dans ce qu’il contient de promesses agissantes, soit le caractère ontologiquement politique de la vie.
Tout est affaire d’ambition.

Si les modes d’appropriation du réel restent communs aux trois par les outils employés (duplication, séquençage, symétrie, recouvrement, agrandissement..), les résultats restent cependant très différents évoquant à eux trois des états saisis de la vie selon un développement chronologique chez l’humain  ; opposition simultanément vigoureuse et lymphatique communément nommée l’adolescence, force d’achat et les pleins pouvoirs.
Ces évocations n’ont aucun caractère synthétique du travail et toute ressemblance avec des personnes existantes serait fortuite.

Altération de l’image par sa reproduction, sa reprise, les versions good et bad paintings chez nina Childress, les changements d’échelles chez thomas Jocher et l’obstination d’une perfectibilité du même geste manuel chez geoffroy Gross.
La reproduction est à l’œuvre, l’œuvre se fait depuis une reproduction ou est une suite de reproductions. Les accidents qui s’y trouvent (d’impression chez Childress par les décalages de couleurs, leur chromie approximative par saturation ou décoloration du temps, manques ou ajouts de la machine qui imprima le document modèle – sujets chez Gross pour ses portraits de papier – par le glissement d’un format à l’autre de la même image chez Jocher) sont l’objet de toute leur attention, venant redoubler le quelconque des sujets choisis, ici marqueur de potentialité, nécessaire à l’expression du réel.

Le réel, une image subliminale en v.o. logée dans toute interprétation.

franckDavid